À la toute fin des années 1920, se développe dans un Japon en pleine modernisation une culture de masse dite « ero-guro-nansensu » dont l’esthétique mêle l’érotisme au grotesque et à l’absurde, rompant en cela avec une époque Meiji corsetée. En littérature y participent en particulier les écrits d’Edogawa Ranpo qui sont bien vite adaptés au cinéma, avant que l’autoritarisme du régime militaire des années 1930 n’y mette temporairement fin. Après-guerre, un certain cinéma d’exploitation se tourne à nouveau vers l’œuvre du romancier dont le cinéaste Teruo Ishii propose une adaptation emblématique avec Horrors of Malformed Men. À nouveau, quarante ans après la première vague d’ero-guro-nansensu, l’esthétique de ce film de 1969 dans lequel s’illustrent le danseur de butō Tatsumi Hijikata et sa troupe, semble opposer le grotesque de corps monstrueux et d’attitudes « déviantes » à une société japonaise policée qui connaît alors un nouvel essor économique.